Le Livraire

Carnet de lecture

Parfois les brötchen croquent sous la dent – Hermann Kant

Traduit de l’allemand par Leïla Pellissier et Frank Sievers
Autrement
ISBN : 978 – 2 – 7467 – 1299 – 7
Titre original : Der dritte Nagel

kant_brotchenRésumé (quatrième de couverture) :
D’un point de vue purement comptable, la chose n’était donc pas équilibrée : se lever une demi-heure plus tôt cinq fois par semaine, entre 10 et 12 marks mensuels de frais supplémentaires pour une marchandise boulangère et pâtissière superflue, l’intérêt dévorant de Mme Lörke pour ma double idylle au bureau, la reconnaissance de Mlle Weigel et les allusions piquantes des collègues, enfin l’effort qu’il fallait tout de même fournir pour que le commerce avec Mme Schwint s’en tienne au seul plaisir de croquet dans ses croustillants brötchen… Tout ça pour deux bouts de pain, ce n’était, en termes comptables, pas tout à fait autorisé. Sauf que le comptable ne comptait plus lorsqu’il croquait dans les schrippen de Schwint. Ils étaient tels, justement, que tout calcul était interdit. Ils étaient la vie.

Lorsque le narrateur de ce court récit tombe sous le charme des irrésistibles pains spéciaux fabriqués par Schwint, le boulanger de la rue dans laquelle il vient d’emménager, s’enclenche un troc sans fin. Car Schwint lui réclame bientôt, en contrepartie, un certain roman érotique chinois, parfaitement superflu mais qui lui est tout aussi indispensable. Et voilà le piège de la gourmandise qui se referme. Mais que ne ferait-on pas pour se procurer un plaisir rare ? Une fable drôle et raffinée… à déguster sans modération.

Mon avis :
Un récit très court (une petite quinzaine de pages) et jubilatoire au cours duquel on suit le narrateur, M. Farssmann, dans sa quête des brötchen. Déguster ces succulents brötchen dont il est question sur la quatrième de couverture n’est pas à la portée du premier quidam venu ; ils se méritent et celui qui les désire doit auparavant faire face à un certain nombre de difficultés. Ainsi, quand le boulanger jaloux propose un marché au narrateur, ce dernier accepte, ignorant ce qui l’attend.

Le style, très précis, détaillé n’est pas sans rappeler celui de Robert Walser, mais en moins étouffant, plus vivant. La narration est davantage axée sur le déroulement des différents événements que sur la psychologie et la psyché des protagonistes sans que cela crée un manque.

La fin tombe à pic, parfaitement calibrée, parfaitement amenée, avec une logique implacable et une once de cynisme. On referme l’ouvrage avec un rictus et en se disant qu’il ferait un parfait court-métrage. Décidément, les éditions Autrement ont l’art de trouver de petites perles qui se lisent d’une traite.

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2 réponses à “Parfois les brötchen croquent sous la dent – Hermann Kant

  1. Pingback: Autour de lau » De brötchen…

  2. pagesapages jeudi 25 juin 2009 à 17:46

    Jubilatoire, c’est vrai !
    (mais il fait un peu plus de 15 pages, non ?)
    Et le style très vivant, c’est tout à fait juste.

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