Le Livraire

Carnet de lecture

Les boîtes de ma femme – Eun Hee-Kyung

Publié chez Zulma
ISBN : 978-2843044458
Traduit du coréen par Lee Hye-young et Pierrick Micottis

boites-femmeLes Boîtes de ma femme, c’est un recueil de cinq nouvelles, cinq histoires faites d’incompréhension mutuelle, de fuite, de malentendus et d’une découverte : celle de la personnalité de l’autre, cachée sous la façade des apparences.

Les Boîtes de ma femme : Un homme pénètre dans le bureau de sa femme, sa pièce, celle dans laquelle elle avait l’habitude de se réfugier, celle dans laquelle elle rangeait soigneusement une multitude de boîtes, toutes de tailles différentes, dans lesquelles elle abritait ses trésors, ses souvenirs. Mais quels souvenirs douloureux, quelle incompréhension, quelle surprise abrite cette pièce ? Et où est cette femme ?

Ma femme évanescente : Un homme tombe un jour sur le journal intime de son épouse. Pourtant, la personne décrite au fil des pages ne correspond absolument pas à la femme avec laquelle il vit.

Les Beaux Amants : De tout le recueil, cette nouvelle est celle que j’ai préféré. Le résumé d’un infime malentendu qui provoquera pourtant la rupture du couple. La complexité des rapports hommes-femmes, la difficulté de se comprendre, de communiquer est décrite avec brio.

On n’avait pas pensé à l’imprévu : Une jeune femme se retrouve veuve alors même qu’elle envisageait de demander le divorce. Quelques années plus tard, elle rencontre un autre homme, mais quelque chose d’aussi imprévu que gênant pour eux se produit qui aura des conséquences désastreuses.

Yeonmi et Youmi : L’histoire de deux sœurs, l’une mariée vivant en Corée ; l’autre vivant chichement en Angleterre, à Newcastle. C’est la voix de cette dernière que l’on entend, mariage arrangé, tension familiale, sentiment de solitude, et cette étrange soeur, lointaine et distante.

Les histoires que racontent ces nouvelles ont toutes la même trame, le même principe de construction. Des histoires d’êtres humains désabusés et solitaires qui ne se comprennent pas / plus. Les femmes sont secrètes, évanescentes, à la limite d’une certaine forme d’autisme ou de déséquilibre. Les hommes sont lâches, fuient leurs responsabilité pour boire avec leurs collègues de travail une fois la journée de bureau terminée. Les rapports entre les deux sexes sont tendus, délicats, empruntés, maladroits. Le malaise est palpable à chaque page mais nous paraît très loin de notre quotidien à nous, sans doute propre à la société coréenne,  et plus encore, à la vie ordinaire dans une «Séoul américanisée», pour reprendre les termes du quatrième de couverture.

L’écriture est un mélange subtil et équilibré entre les descriptions du quotidien, qui nous permettent de représenter l’atmosphère, l’ambiance, et l’intériorité des personnages, de leurs questionnements, de leurs doutes, de leurs personnalités. Toute en précision, en finesse, et non dépourvue de cruauté. Il en ressort un recueil intéressant, intriguant, voir même parfois affligeant, agaçant ou déprimant sur la nature humaine lorsqu’elle est dépeinte à travers le prisme couple : jalousie, tension, incompréhension, solitude, égoïsme, quotidien plombant, famille omniprésente et étouffante, obligation de réussite au travail pour subvenir au besoin du foyer…
Toutes les nouvelles ne sont malheureusement pas égales, et un ou deux manquent de précision, du petit détail qui permet de donner un corps et une réalité à la narration.

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Une réponse à “Les boîtes de ma femme – Eun Hee-Kyung

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