Le Livraire

Carnet de lecture

L’Orfelin – Alexandre Lacroix

Flammarion
ISBN :
978-2-0812-4131-2

orfelinDernier volume d’une trilogie autobiographique, L’Orfelin est moins un récit d’enfance que le rassemblement de souvenirs fragmentaires autour du suicide d’un père.
Le titre, surprenant au premier abord, vient d’un roman que l’auteur, alors en CE1, décida un soir d’écrire, désir aussi soudain qu’une « envie de pisser par une froide journée d’hiver ». Cette histoire d’un jeune garçon orphelin, écrite à une époque  où son père était vivant, n’a cependant rien à voir – constitue un parallèle étrange et involontaire avec son histoire personnelle et plus encore, celle de sa famille.

Si Quand j’étais nietzschéen possédait cette vigueur non dépourvue d’humour et de recul, le style de L’Orfelin est empreint d’une distance sobre, sans illusions ou emphase inutile. Il y a là une sorte de pudeur factuelle, consistant à s’en tenir à une élaboration des faits et des sentiments sans les charger de pleurnicheries, quoique les sujets abordés ne soient ni faciles à aborder, évident à raconter ou même glorieux, et si les détails personnels sont explicites, la manière dont ils sont racontés sauvent le récit, lui épargnant de n’être qu’un vulgaire déballage.

Le roman est divisé en trois journées différentes, chacune marquant, sous un aspect ordinaire une étape décisives pour le narrateur : une nuit dans un camping, une journée passée à faire le vide dans les affaires du père défunt, la naissance d’un fils. Ces trois événements qui, dans l’absolu, peuvent concerner une large majorité de personnes, font ressurgir une foule de souvenirs, un enchaînement de faits et les conséquences, parfois dramatiques, qui en découleront.

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Une réponse à “L’Orfelin – Alexandre Lacroix

  1. Madame du B mardi 1 février 2011 à 17:31

    « Je suis, j’existe- mais il n’y a plus rien ni devant ni derrière. Comme le bleu du ciel : au-delà, se trouve le noir de l’univers, la privation d’oxygène et de lumière, l’immense néant cosmique, sans borne et sans contour. L’atmosphère n’est qu’une mince pellicule. Mais qu’elles sont belles, les modulations innocentes de son bleu. »

    Cette citation reflète l’esprit général du roman autobiographique.

    Ce récit retraçant les moments clés de la vie d’Alexandre Lacroix, où sont entremêlés un style sec et parfois presque assentimental et des passages d’émotion vive et profonde, s’apparente à une sorte d’auto-psychanalyse, d’auto-justification des liens unissant -ou pas – l’auteur et ses parents.
    Engendré dans le malaise et la faute, d’une mère inaffectueuse et distante, et d’un père dépressif, lunatique et trop souvent absent.

    Alexandre Lacroix se trouve ainsi orphelin très jeune, en étant aux premières loges pour assister au suicide de son père. On comprend ainsi l’aspiration de ses écrits… En retraçant par bribes les passages marquants de son enfance, c’est sa vie d’adulte et de jeune papa qui se dévoile et s’éclaircit -seulement partiellement- au fil des lignes, à travers des détails minutieux qui reflètent par là même l’attachement affectif de l’auteur à certains objets, certains évènements.

    Utilisant une écriture se voulant improvisée et parfois même vulgaire et crue, Alexandre Lacroix cherche à comprendre ce lien paternel bouleversé et encore trop insondable… ce processus, ces abandons successifs qui l’ont fait orphelin.

    AF

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